Épisode 1208 : À l’approche de chaque élection présidentielle américaine, le rôle des réseaux sociaux dans la politique devient un sujet de premier plan.
En 2024, les plateformes sont non seulement le théâtre de campagnes intenses mais aussi des lieux de propagation de désinformation, de polarisation et de soutien publicitaire.
À travers quatre aspects principaux, cet épisode explore comment les réseaux sociaux influencent les dynamiques politiques et comment l’élection transforme les plateformes en retour.
1. Une bataille numérique : chiffres et stratégies des candidats
Depuis plusieurs mois, les campagnes numériques de Donald Trump et Kamala Harris mobilisent des millions d’interactions sur les réseaux sociaux. Une étude de Visibrain, plateforme de veille sociale, a recensé plus de 1,2 milliard de posts sur le sujet de l’élection présidentielle, soit une augmentation de 6 % par rapport à 2020 .
A. La domination numérique de Trump
Donald Trump, disposant d’une base de 170 millions d’abonnés, tire profit de sa présence sur les réseaux pour diffuser ses messages et ses vidéos virales. Sa plateforme de prédilection est TikTok, où il génère 79 % de ses interactions, comme le montre une vidéo qui a recueilli 5,3 millions de réactions en août 2024, où il danse pendant quelques secondes .
B. La stratégie de Kamala Harris sur Instagram
Kamala Harris, avec environ 50,7 millions de followers, utilise plus Instagram, où elle génère 30 % de ses interactions. En choisissant ce réseau, Harris cible une audience plus jeune et souvent plus progressiste. Cette stratégie lui permet de renforcer son image auprès de sa base électorale, malgré un nombre d’abonnés bien moindre que son opposant .
Les chiffres illustrent comment chaque candidat utilise des plateformes spécifiques pour influencer leur base électorale, en adaptant leur contenu au public de chaque réseau.
2. Polarisation et amplification des opinions : les bulles de filtre et chambres d’écho
Les réseaux sociaux amplifient la polarisation politique en permettant aux utilisateurs de rester dans des « bulles de filtre ». Selon les recherches du Reuters Institute, plus de la moitié des jeunes de 18 à 24 ans s’informent exclusivement via ces plateformes, créant des espaces de discussion qui deviennent rapidement des chambres d’écho idéologiques .
A. Des algorithmes qui renforcent les clivages
Comme le montrent les travaux de Pablo Barberá et Dominique Cardon, les algorithmes des réseaux sociaux orientent les utilisateurs vers des contenus qui confirment leurs opinions préexistantes. Cette polarisation accentue les clivages politiques et mène parfois à la radicalisation .
B. La propagation virale de mèmes et contenus de dérision
Lors de la campagne de 2024, des mèmes et vidéos caricaturales des candidats se sont propagés, comme celle de Trump faisant des commentaires sur l’immigration. Ces contenus renforcent les stéréotypes et confortent les électeurs dans leurs choix, sans nécessairement attirer de nouveaux soutiens .
Les réseaux sociaux, en intensifiant les biais de confirmation et en diffusant des contenus viraux, encouragent des prises de position plus extrêmes et limitent le débat pluraliste.
3. Désinformation et influence des grandes figures : l’exemple d’Elon Musk
La désinformation demeure un défi majeur des élections sur les réseaux sociaux. Cette année, X (anciennement Twitter) est particulièrement au centre des polémiques, notamment sous l’influence de son propriétaire Elon Musk. Son implication politique, ainsi que sa politique laxiste en matière de régulation de contenus, soulèvent des inquiétudes sur la diffusion de fake news .
A. Musk et Trump : un duo controversé
Elon Musk, en tant que dirigeant de X, a pris position de manière non officielle en faveur de Donald Trump. Présent à plusieurs de ses meetings, Musk est critiqué pour permettre une large diffusion de fausses informations pro-Trump sur sa plateforme. Cette relation privilégiée alimente les soupçons d’un biais favorable à Trump sur X. Les articles de 20 Minutes et The Conversation notent que cette alliance renforce la méfiance envers les plateformes sociales comme outils démocratiques .
B. Exemples de désinformation
Des comptes pro-Trump ont par exemple utilisé des images volées d’influenceuses pour promouvoir des discours fallacieux, contribuant ainsi à une atmosphère de défiance et de post-vérité. Plus de détails et exemples sont disponibles dans des articles de fact-checking comme ceux publiés par 20 Minutes. En voici un : présidentielle américaine 2024 : réseaux sociaux à l’épreuve de la vérité.
Les figures influentes et la désinformation mettent à mal la transparence des campagnes, accentuant la polarisation des électeurs et soulevant des questions sur la fiabilité des plateformes.
4. Prise de position des créateurs de contenu
Les créateurs de contenu jouent un rôle croissant dans la campagne électorale, certains exprimant ouvertement leurs positions politiques et influençant ainsi des millions de followers. Cette tendance reflète l’évolution de l’information politique, où l’opinion d’un influenceur devient aussi importante que celle des médias traditionnels.
A. Engagement des créateurs sur YouTube et TikTok
Sur YouTube et TikTok, des créateurs influents prennent position pour leurs candidats, suscitant débats et engagements. Par exemple, le créateur David Pakman, pro-démocrate, produit des analyses critiques des candidats républicains, attirant des millions de vues. Ces contenus de forte audience influencent la perception des jeunes électeurs. Exemples et vidéos : Chaîne YouTube de David Pakman.
B. Contenus de soutien et mobilisation sur Instagram
De nombreux influenceurs sur Instagram incitent leurs abonnés à s’inscrire pour voter. Ces campagnes de mobilisation de la jeunesse ont un effet significatif sur la participation électorale et contribuent à sensibiliser de nouveaux électeurs. Par exemple, l’influenceuse @jackieaina, avec ses millions de followers, a mené plusieurs initiatives encourageant le vote aux États-Unis.
Les créateurs de contenu, en s’impliquant dans la politique, participent à la mobilisation électorale et influencent des segments de la population souvent délaissés par les canaux traditionnels.
Conclusion
Les réseaux sociaux et les élections présidentielles américaines sont devenus interdépendants, façonnant les comportements électoraux et le paysage numérique. En 2024, les plateformes agissent comme des catalyseurs de polarisation tout en amplifiant la voix de figures politiques et de créateurs de contenu. Cependant, bien que leur impact direct sur le vote reste incertain, leur rôle de caisse de résonance démontre une transformation durable de la démocratie numérique.
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