Épisode 1249 : L’anti-wokisme s’est imposé comme une opposition virulente aux initiatives progressistes dans les entreprises et la culture populaire. Amplifié par les réseaux sociaux, ce mouvement vise aussi bien les marques que les œuvres de fiction, dénonçant des efforts perçus comme une « imposition de la diversité ». Sous cette pression, certaines entreprises choisissent de reculer ou de modifier leurs engagements pour éviter de devenir des cibles. Cet épisode explore des cas emblématiques de ce recul dans un contexte politique et culturel mondial.
1. Des marques sous pression : McDonald’s, Walmart, Bud Light et des géants culturels
- McDonald’s : Le choix de la prudence
McDonald’s a récemment ajusté sa stratégie DEI (diversité, égalité, inclusion) après avoir été la cible de critiques virulentes. L’entreprise a renommé son « comité de diversité » en « équipe chargée de l’inclusion mondiale » et a supprimé les audits externes sur la diversité dans ses chaînes d’approvisionnement. Ces décisions ont été motivées par des accusations provenant de groupes conservateurs, affirmant que ces programmes excluaient les populations blanches et masculines. Ce choix marque un tournant pour une marque autrefois perçue comme un modèle en matière d’inclusion.
- Walmart : L’effacement discret du DEI
Walmart a choisi une approche similaire en supprimant discrètement toute référence explicite à la diversité, l’égalité et l’inclusion dans ses communications officielles. L’entreprise, auparavant active dans ce domaine après le mouvement Black Lives Matter, a préféré limiter son exposition à des critiques croissantes de la part de groupes conservateurs. Cette décision vise à éviter des polémiques tout en apaisant une partie de sa clientèle traditionnelle .
- Bud Light : Une tempête médiatique
En 2023, Bud Light a collaboré avec Dylan Mulvaney, une influenceuse transgenre, dans une campagne publicitaire qui visait à toucher une audience plus jeune et diversifiée. Cette initiative a provoqué une vague de critiques conservatrices sur TikTok et Twitter, où des appels au boycott ont rapidement émergé. Des figures comme Kid Rock ont médiatisé leur rejet de la marque en détruisant des packs de bière dans des vidéos devenues virales. La chute des ventes qui a suivi a poussé Bud Light à suspendre temporairement ses campagnes inclusives pour limiter les pertes .
- Ubisoft : La controverse autour des personnages diversifiés
Ubisoft, connu pour des franchises comme Assassin’s Creed, a intégré des personnages féminins et issus de minorités ethniques dans ses jeux récents, notamment Assassin’s Creed Odyssey et Valhalla. Bien que ces choix aient été salués par une partie du public, ils ont également suscité des critiques de joueurs conservateurs, dénonçant une supposée « politisation » des jeux vidéo. Des forums comme Reddit ont vu apparaître des discussions virulentes accusant Ubisoft de céder au « wokisme ». Cette controverse a forcé l’entreprise à défendre publiquement ses choix créatifs, mais sans faire marche arrière .
- Disney et les adaptations modernes :
Disney a été au centre de multiples polémiques pour ses choix artistiques dans des adaptations récentes. Le film live-action La Petite Sirène, avec Halle Bailey dans le rôle d’Ariel, a suscité des critiques en ligne dès l’annonce du casting, certains internautes affirmant que le choix d’une actrice noire trahissait l’œuvre originale. Malgré une campagne virale hostile sur Twitter et YouTube, Disney a maintenu sa position, défendant son engagement envers une représentation plus diversifiée. Des cas similaires ont été observés avec des séries comme Percy Jackson, où des personnages ont été repensés pour inclure davantage de diversité. Si Disney continue d’affirmer ses choix, la controverse illustre le défi constant de concilier modernité et attentes traditionnelles .
2. Une dynamique mondiale alimentée par le contexte politique
Le recul de certaines marques face à l’anti-wokisme s’inscrit dans un climat politique global où la polarisation influence de nombreux secteurs.
- Donald Trump : L’anti-wokisme comme arme politique
Donald Trump a fait de l’opposition au wokisme une arme électorale majeure. Dès son mandat, il a signé des décrets supprimant les programmes de diversité dans les agences fédérales et réduisant les droits des minorités transgenres. Sa rhétorique galvanise une base conservatrice qui considère les initiatives progressistes comme une menace culturelle. Cette dynamique a influencé directement les entreprises, désormais attentives aux attentes d’un public polarisé . - Elon Musk : Le rôle d’un magnat provocateur
Elon Musk, figure incontournable des réseaux sociaux, utilise régulièrement son influence pour critiquer les mouvements progressistes et la culture woke. Depuis son acquisition de Twitter (rebaptisé X), il a assoupli les règles de modération de la plateforme, permettant à des voix conservatrices de s’exprimer plus librement. Musk a également multiplié les tweets sarcastiques et provocateurs sur des sujets liés à l’inclusivité, consolidant son image d’opposant au wokisme. Cette posture a renforcé le rôle des réseaux sociaux comme arènes principales de la guerre culturelle . - Meta et le recentrage stratégique
Meta (ex-Facebook), sous la pression de la polarisation politique, a ajusté sa politique de modération pour se montrer plus neutre. Mark Zuckerberg a notamment fait évoluer les politiques de modération après des accusations de partialité progressiste. Ce repositionnement reflète la complexité des entreprises technologiques dans un environnement de plus en plus divisé . - Un phénomène global :
Des figures politiques comme Giorgia Meloni en Italie ou Pierre Poilievre au Canada s’appuient sur une rhétorique similaire pour mobiliser leurs bases. Ce rejet global du wokisme nourrit une méfiance croissante envers les entreprises et les œuvres culturelles perçues comme « progressistes ». Cela crée un climat où les entreprises doivent calculer chaque choix stratégique avec précaution .
Conclusion
Les exemples de McDonald’s, Walmart, Bud Light, Ubisoft, Disney et les prises de position de figures comme Elon Musk ou Donald Trump montrent à quel point l’anti-wokisme redéfinit les stratégies des marques. Entre des campagnes de trolls sur les réseaux sociaux et des polémiques virales, ces organisations naviguent sur un terrain miné. Ce phénomène global reflète un moment charnière où les entreprises, tout en étant exposées aux critiques, doivent choisir entre maintenir leur cap progressiste ou céder face à la pression conservatrice.