Épisode 1156 : En quelques années, le web a changé.
Nous avons basculé dans une ère de la culture participative. 

On ne copie pas on participe à un mouvement culturel global.

Avec l’émergence des tendances sur des plateformes comme TikTok, l’usage intensif de stratégies UGC, l’utilisation de plus en plus ancrée des IA générative…  la notion même de plagiat semble de plus en plus obsolète.

Ce matin on lance un débat. On vous invite à une introspection collective.

Le plagiat existe-t-il encore ?

A l’heure où les « trends » TikTok dominent, le concept traditionnel de plagiat pourrait sembler obsolète. 

Les tendances sur TikTok encouragent les utilisateurs à reproduire des concepts, des danses, ou des mises en scène spécifiques, créant des centaines de vidéos qui se ressemblent fortement. 

Quand je regarde une vidéo de trend, je ne sais pas qui est l’auteur original. 

Qui a eu la bonne idée en premier ? Les plateformes elles-même n’ont aucun moyen pour remonter le fil d’une trend et préciser l’auteur originel.

Ces phénomènes de réplication massive sont finalement très nouveaux. 


A l’époque de Vine, cela n’existait pas. Les créateurs vidéo étaient dans une course à l’idée originale.
Répliquer le concept d’une vidéo était un Red Flag terrible et la sanction communautaire n’était jamais loin.

Les principes de droits d’auteur et de plagiat ont été remplacés par des logiques communautaires. Quand on fait une vidéo tendance TikTok on ne plagie plus mais on participe à un mouvement culturel partagé.

L’usage intensif et viral des trends audio sur les réseaux sociaux

La musique joue un rôle central dans ces vidéos, souvent sous forme de remixes légèrement modifiés. 

Ces adaptations, bien qu’elles puissent techniquement frôler les limites du droit d’auteur, sont rarement perçues comme du plagiat. Elles sont plutôt vues comme des variations créatives qui enrichissent l’œuvre originale plutôt que de la copier de manière malhonnête .

On peut aussi souligner l’usage d’audio non musicaux. Ces fameux extraits de films ou de séquences TV qui sont utilisés dans des trends TikTok. On est carrément dans une zone grise.

La notion de plagiat a laissée place au Remix.

Sur Youtube, les créateurs français assument à 100% le plagiat de concepts américains

En 2016, le youtubeur français Matpodcast se faisait humilier et harceler par tout internet pour avoir plagié un créateur américain. 

Aujourd’hui des supers stars françaises comme Amixem se sont fait une spécialité d’emprunter de façon explicite des concepts à Mr Beast sans que personne ou presque ne dise rien.

C’est communément admis. 

Amixem lui-même d’ailleurs en rigole souvent. https://www.youtube.com/watch?v=kYkssx135s0

Il a même poussé le délire un cran plus loin en collaborant avec Mr Beast lui-même. Mr Beast qui avait bien rodé le petit français, l’a affiché en public en lui proposant de doubler une de ses vidéos en français. Et Amixem l’a fait. C’est Meta ! 

Les Youtubeurs français copient les américains. C’est entendu.
Les Youtubeurs ont aussi largement pompé les concepts TV. Et voilà maintenant que c’est au tour de la TV de plagier Youtube.

TF1 a par exemple « emprunté » le concept du tribunal des abonnés à Amixem.

@keonii_

🚨TF1 PLAGIE AMIXEM🚨 on est d’accord qur c’est du plagiat ? Tf1 a vole le concept a amixem ? en effet la chaine francaise TF1 commence un nouveau concept, le fait d’aider des gens dans un tribunal sous un ton humouristique. Exactement la meme chose que amixem avec le crew (thomas yvan et etienne). #keonii #keonews #amixem #amixemcrew #thomasdeseur #yvabcasta #tf1 #plagiat #drama #scandale #polemique #debat #pourtoi #foryou #fyp #fy #fypシ

♬ son original – Keonii | Actus d’Internet 🗞️

Juridiquement le concept de plagiat n’existe pas vraiment

Je suis tombé sur un article de Clara Viguié, avocate experte en droit de la propriété intellectuelle

« Sur le plan juridique, il n’existe pas de définition du plagiat. 

On ne peut pas protéger des idées, des concepts ou des thématiques. »

Ceci étant, il y a tout de même des situations dans lesquelles un auteur peut défendre son travail. 

Il faudra qu’il invoque les notions de contrefaçon et de parasitisme.

Contrefaçon : « Le plaignant doit démontrer que le contenu de ses écrits ou propos est original et porte l’empreinte de sa personnalité »

Parasitisme : « le plaignant doit démontrer qu’on a tiré profit de manière indue de la valeur économique attachée à ce contenu »

L’usage intensif de stratégies UGC par les marques pose aussi des questions en matière de droit d’auteur et de plagiat

Je suis tombé sur une enquête intéressante sortie en 2024 et réalisée par la société Massive. 

https://massive.io/wp-content/uploads/2024/05/The-State-of-User-Generated-Video-2024-Report-1.pdf

L’étude traite du sujet des stratégies UGC de marque.

Alors que les marques utilisent avec enthousiasme le contenu des créateurs, de nombreux créateurs ont le sentiment que leur travail est utilisé sans autorisation ni rémunération appropriée.

L’enquête menée auprès de plus de 500 créateurs, consommateurs et spécialistes du marketing aux États-Unis et au Royaume-Uni révèle que 47 % des créateurs ont vu leur UGC utilisé par des marques sans autorisation. En outre, 74 % de ces créateurs déclarent qu’ils n’ont pas été payés pour l’utilisation de leur œuvre.

Au-delà du plagiat il s’agit ici de pratique contrevenant non seulement au droit d’auteur mais aussi aux droits à l’image. C’est mal, très mal ! 

Et puis, il y a forcément le sujet des IA génératives qui semble définitivement enterrer le principe de plagiat

L’introduction de l’IA dans la création de contenu complique davantage la question. Les outils d’IA, tels que ceux générant des images ou des textes, s’appuient sur d’énormes bases de données d’œuvres existantes pour créer quelque chose de « nouveau ». 

Cela soulève la question : peut-on vraiment parler de plagiat si une machine est créée à partir d’un agrégat de sources, sans intention délibérée de copier ? .

En somme, à l’ère des médias sociaux et de l’IA, le plagiat tel que traditionnellement défini – la copie directe et non autorisée d’une œuvre originale – semble perdre de son applicabilité. 

La culture de l’imitation et de la participation, soutenue par des avancées technologiques, pousse à repenser les anciennes normes de propriété intellectuelle.


Synthèse : Redéfinition du Plagiat dans le Contexte Numérique

Alors que nous naviguons dans un paysage médiatique en évolution rapide, il devient impératif de redéfinir la notion de plagiat pour refléter les réalités du monde numérique actuel. 

Cette redéfinition doit tenir compte de la complexité accrue introduite par les technologies numériques et les nouvelles formes de création et de partage de contenu.

Reconnaissance et Protection des Créateurs 

Dans un environnement où les créations peuvent être facilement et rapidement diffusées, il est crucial d’assurer que les créateurs originaux soient justement reconnus et rémunérés. 

Cela nécessite des modifications des lois sur le droit d’auteur pour qu’elles reflètent mieux les dynamiques des plateformes numériques. 

Les plateformes elles-mêmes doivent également jouer un rôle actif en mettant en place des systèmes pour créditer correctement les créateurs et en facilitant la gestion des droits .

Adaptation des Définitions Légales 

Les définitions actuelles du plagiat doivent être adaptées pour inclure les nuances introduites par l’IA et les contenus générés par les utilisateurs. 

Cela inclut la reconnaissance que certaines formes de « copie » dans des environnements collaboratifs ou inspirés par des tendances peuvent ne pas correspondre au plagiat traditionnel. 

En même temps, ces définitions élargies doivent protéger contre l’utilisation abusive de contenu sans consentement, particulièrement dans des cas où il y a une exploitation économique .

Éducation et Sensibilisation 

Il est également essentiel d’éduquer les utilisateurs et créateurs sur les implications éthiques et légales de la création de contenu à l’ère numérique. 

Des programmes d’éducation sur le droit d’auteur et la propriété intellectuelle adaptés aux réalités numériques peuvent aider à prévenir le plagiat involontaire et encourager une culture de respect et de reconnaissance des contributions créatives d’autrui .

Utilisation Éthique de l’IA 

Enfin, il est impératif de développer des lignes directrices éthiques pour l’utilisation de l’IA dans la création de contenu. 

Ces lignes directrices devraient inclure des mesures pour assurer que l’IA ne reproduise pas sans discernement le contenu protégé par des droits d’auteur et que l’utilisation de telles technologies reste transparente et équitable pour tous les utilisateurs .

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En conclusion, alors que nous avançons vers un avenir de plus en plus numérisé, il est vital de repenser le concept de plagiat pour qu’il serve à la fois à protéger les droits des créateurs tout en favorisant un environnement créatif robuste et innovant. 

Cette balance délicate entre protection et innovation est la clé pour cultiver une culture numérique qui valorise à la fois la propriété intellectuelle et la liberté d’expression.

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