Épisode 777 : C’est une tendance qui remonte de loin. Une tendance qu’on voit venir je dirais même depuis quasiment deux ou trois ans. Facile. Nous avions déjà fait un épisode à l’époque sur le fait que les contenus Instagram devenait de moins en moins esthétique est de plus en plus brut.
À l’époque l’arrivée du format Story sur Instagram redéfinit aussi l’esthétisme du contenu.
On voulait plus de vrai, plus de visuels et de photos qui ressemblent à la réalité, et moins de strass et paillettes.
Aujourd’hui, on va aller encore plus loin. Puisque bien que les goûts et les couleurs, ça se discute pas, c’est très personnel, on trouve quand même que le mauvais goût, ou le moche, redevient fortement à la mode.
Face à l’injonction des réseaux sociaux, au dictat du toujours plus léché, le moche n’aura jamais été aussi cool.
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C’est quoi le moche ?
Qu’est-ce qui fait la laideur ? Pas simple comme question. La frontière entre ce qui nous répugne et ce qui nous plaît est parfois bien mince.
Le laid n’est pas l’inverse de la beauté.
Ce que l’on trouve beau un jour peut nous sembler laid le lendemain. Et surtout, une chose laide peut autant nous fasciner qu’une chose magnifique.
Quand Picasso produit ces premières toiles cubistes tout le monde ou presque trouve ça laid. Quand Le Centre Pompidou est inauguré en 1977, tout le monde trouve ça moche.
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La mauvais goût a quelque chose de fascinant
Le mauvais goût c’est passionnant et fascinant.
A tel point que les comptes Instagram dédié au mauvais goût son légion. Un de mes préféré @decorhardcore
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L’industrie de la mode adore jouer avec la lisière entre le bon et le mauvais goût
Le moche et le beau n’existent pas en tant que tels. Ce sont des constructions communautaires voir même de classe.
Dans la mode, le mauvais goût est un moyen de résistance et de rébellion face à une domination communautaire du bon goût.
En gros mettre des crocs dans un contexte très chic c’est un moyen subtile de montrer sa compréhension des codes communautaires auquel on appartient tout en les rejetant.
En gros c’est comme un doigt d’honneur pendant la photo de classe.
La mode
C’est souvent la mode qui vient percevoir les signaux faibles d’une tendance et qui va se développer.
Et je trouve qu’après de longues années avec une grosse tendance années 90, on passe petit à petit dans une mode qui ressemble beaucoup à celle des années 2000.
Et qu’on se le dise clairement, la mode globale des années 2000 était quand même beaucoup de mauvais goût.
Je m’explique, il y avait toute une tendance dans les années 2000 au rétro futurisme.
Si vous regarder des clips musicaux de l’époque, ou des films, les tenues vestimentaires sont très étranges, avec des réflecteurs de lumière parfois, de l’excès de paillettes, même les matières sont chelous, et font trop.
Je trouve que c’est l’excès un peu !
Je vous invite à aller voir le clip de Lady Gaga Bad Romance 2009
On retrouve aussi le fameux Toxic de Britney Spears, les styles vestimentaires représentent bien la période shiny !
Eminem – The Real Slim Shady
Très bon exemple aussi !
Les Crocs, le meilleur exemple
C’est vraiment l’exemple le plus criant. Puisque cette entreprise de fabrication de chaussures a été créée en 2002, et ça a été un véritable phénomène des années 2000.
Aujourd’hui on retrouve ces chaussures en matière plastique de partout.
Même le directeur artistique de Balanciaga avoue qu’il adore !
Justin Bieber en porte.
En 2021 les ventes enregistrent des records. Et d’ici les quatre prochaines années elles pourraient atteindre 5 milliards de dollars.
C’est 1,4 millions d’abonnés sur Instagram
On ne peut pas dire que la grille Insta soit très esthétique, il y a toute les couleurs, ça part dans tous les sens mais c’est ça qu’on aime je crois !
La marque de mode spécialiste du mauvais goût c’est Balenciaga
La collab entre Balenciaga et Crocs
Depuis 2017 les 2 marques collaborent de façon totalement inattendue et provocante. Dernière folie cette crocs à talon haut Balenciaga proposée au modeste prix de 495 euros.
Autre merveille de mauvais goût : la sneaker Defender.
La ugly show par excellence
Imaginez un mélange entre un père de basket asics bon marché et un pneu de moto cross. Vous collez les 2 ensemble et vous obtenez une superbe Defender de chez Balenciaga.
vendue 850 Euros svp.
Une interview d’Alice Pfeiffer qui a écrit un bouquin qui s’appelle goût du moche : « Revendiquer un goût pour le moche, c’est aussi jouer avec la temporalité de la mode : comme c’est peut-être le beau de demain, cela donne l’impression que le beau d’aujourd’hui a déjà un pied dans le passé. »
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Etude Ypulse
Les jeunes consommateurs ressentent clairement la fatigue de la perfection et recherchent un contenu plus authentique.
70% des 13-36 ans considèrent comme cool de porter des vêtements qui étaient précédemment considérés comme moche.
Birkenstock
Je trouve que dans cette esprit on retrouve aussi la marque allemande Birkenstock.
Qui aurait pu penser que des sandales d’allemands, qu’on croyait voir que sur eux quand ils étaient dans la Drôme, allaient devenir trop à la mode ces dernières années !
Là c’est 1m d’abonnés sur Instagram
Là on sent qu’il y a quand même plus un ADN de modeux avec plus d’esthétisme dans les visuels.
Le moche et la food une tendance à la hausse
Dans le monde de la food il se murmure aussi que la tendance du moche pourrait prendre le train de la hype. Une sorte de contrecoup du tout instagramable.
Un premier exemple avec le succès de la série documentaire Netflix « Ugly Delicious ».
Dans ce documentaire on suit le chef David Chang qui part à la rencontre de plat populaires simples, pas beaux, mais délicieux
Le documentaire célèbre le vrai et l’authentique et dénonce une forme d’uniformisation de la cuisine.
Autre exemple avec l’ascension dingue du smash burger
Fini le joli burger bien instagrammable, un nouveau venu bien moche, écrabouillé et dégoulinant a pris le dessus. C’est le smash burger.
Pas de jolie feuille salade, pas de rondelle de tomate. C’est brut et surtout très bon.
Je suis allé faire un tour du côté de Google Trends et en 1 an le volume de recherche pour « smash Burger » sur Google a été multiplié par 100 en France.
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Le gout plus que le beau c’est aussi ce qu’assume Burger King Japon.
Autre exemple avec le lancement par Burger King japon de ses Ugly Burgers
Jul réinvente le pacte de sincérité en un artiste et son public.
« dans le game en claquettes / dans l’carré VIP en survêt’ »
C’est simple c’est le plus gros vendeur de rap en France. Loin devant.
Il fait preuve d’une grande liberté à l’encontre des stéréotypes du rappeur type. En dépit du succès, Jul se réfère davantage à Quechua qu’à Nike ou Dior, à Twingo qu’à Ferrari ou à Casio qu’à Rolex…
On retrouve donc aussi le rappeur marseillais Jul qui s’inscrit complètement dans cette tendance.
Sur Instagram c’est 3 millions d’abonnés.
Bon à chaque fois il efface tout et il recommence, donc compliqué de suivre ses visuels sur les réseaux.
Mais si vous prenez déjà toutes les pochettes d’album de JUL, vous allez retrouver beaucoup de codes des années 2000 dans les visuels.
On retrouve des montages assez grossier, avec beaucoup de choses qui brillent, une ambiance très autour de l’espace et des extraterrestres puisque il s’est défini comme l’ovni.
Y’a aussi un peu un côté technologique avec l’album la machine ou loin du monde !
Bref je vous invite à aller découvrir ça par vous-même.
C’est en tout cas une esthétique qui est aussi très présente dans ses clips.
Je vous invite à aller voir son compte YouTube « d’or et de platine » avec ses 6 millions d’abonnés.
L’artiste est même arrivé un peu avant cette tendance, puisque on se souvient qu’il y a quelques années il était encore extrêmement moqué sur les réseaux, justement parce qu’il ne rentrait pas dans les codes de tendance et de mode du moment.
Je trouvais justement qu’il ne plaisait pas assez au petit monde parisien pour pouvoir ressortir.
Cependant l’engouement populaire l’a porté, lui et ses codes, au sommet.
Et c’est finalement la mode aujourd’hui qui se rattache à ses codes.
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